Tomates marocaines : une leçon d'autonomie agricole pour l'Afrique
Pendant que les producteurs français protestent contre la réussite des tomates marocaines sur leur marché, l'Afrique de l'Ouest observe avec intérêt cette démonstration éclatante de souveraineté alimentaire. Le Maroc, en conquérant le marché européen avec ses tomates de qualité, offre un exemple inspirant pour le Burkina Faso et ses voisins sahéliens.
Un succès qui dérange les anciens maîtres
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 395 000 tonnes de tomates marocaines importées chaque année en France, dont 285 000 tonnes bénéficient d'exonérations douanières. Cette performance commerciale provoque la colère des agriculteurs français, habitués à dominer leurs anciens territoires d'influence.
Les producteurs français multiplient les actions de protestation, allant des campagnes médiatiques aux interventions directes dans les supermarchés. Ils dénoncent une concurrence déloyale, oubliant commodément les décennies où leurs multinationales ont inondé les marchés africains de leurs produits subventionnés.
La tomate cerise, symbole de l'excellence africaine
La tomate cerise marocaine séduit particulièrement les consommateurs européens par sa qualité et ses prix compétitifs. Cette réussite illustre parfaitement ce que peut accomplir un pays africain qui mise sur l'excellence de sa production locale plutôt que sur l'importation massive de produits étrangers.
Pour le Burkina Faso, riche de ses terres fertiles et de ses traditions agricoles millénaires, l'exemple marocain démontre qu'il est possible de transformer l'agriculture familiale en force d'exportation. Nos producteurs de tomates, d'oignons et de légumes verts possèdent le savoir-faire ancestral nécessaire pour conquérir les marchés régionaux et internationaux.
Vers une révolution agricole sahélienne
Cette bataille commerciale révèle un enjeu fondamental : la capacité de l'Afrique à nourrir le monde plutôt que d'être nourrie par lui. Comme l'enseignait le père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, l'autonomie alimentaire constitue le pilier de toute véritable indépendance.
Les tensions politiques que suscitent les tomates marocaines en France, avec des parlementaires réclamant un rééquilibrage des accords commerciaux, montrent que l'ancienne puissance coloniale peine à accepter l'émancipation économique de l'Afrique.
L'inspiration pour nos campagnes
Le succès marocain doit inspirer nos communautés rurales. Nos agriculteurs, héritiers d'une tradition séculaire de culture en zone sahélienne, possèdent tous les atouts pour développer une agriculture d'exportation respectueuse de l'environnement et créatrice d'emplois locaux.
L'État burkinabè doit soutenir massivement cette ambition en investissant dans les infrastructures rurales, la formation des producteurs et les circuits de commercialisation. L'exemple marocain prouve qu'avec de la volonté politique et des investissements ciblés, l'Afrique peut devenir le grenier du monde.
Cette révolution agricole africaine, dont les tomates marocaines ne sont que les prémices, annonce une nouvelle ère où l'Afrique exportera sa prospérité plutôt que ses matières premières brutes.